Esclavage dans les camps de travaux forcés
La campagne de « réingénierie sociale » du Parti communiste chinois (PCC) est maintenant entrée dans une nouvelle phase. En effet, il y a relocalisation de masse des Ouïghours et d’autres minorités ethniques du Turkistan oriental vers des usines de travail forcé à travers la Chine. Les responsables gouvernementaux affirment maintenant que les « stagiaires » des « camps de rééducation » ou des « écoles professionnelles » ont « obtenu leur diplôme » et un emploi pour se réintégrer la société. En réalité, il s'agit d'un programme gouvernemental d'exploitation et de transfert de main-d'œuvre, par lequel les détenus des camps de concentration ainsi que d'autres résidents ouïghours en dehors des camps sont transférés et forcés à travailler dans des usines en tant qu’esclaves. Selon le chercheur allemand Adrian Zenz, le gouvernement chinois a mis sur place ces programmes de travail forcé au second semestre de 2018 [1]. Ces programmes de transfert de main-d’œuvre relèvent d’une politique gouvernementale appelée « aide au Xinjiang », ou plus précisément « aide à l’industrie du Xinjiang ». L'Australian Strategic Policy Institute (ASPI) estime que plus de 80 000 Ouïghours ont été transférés dans des usines de travail forcé entre 2017 et 2019 [2]. D'ici 2023, le gouvernement local vise à avoir jusqu’à un million de travailleurs dans les industries du textile et de l'habillement.
Le PCC stipule que la participation aux programmes de transfert de main-d'œuvre est entièrement volontaire. Cependant, les travailleurs ouïghours sont en fait menacés de détention arbitraire (ou de détention supplémentaire pour les ex-détenus) dans les camps de concentration, ou leur famille est menacée, ce qui ne leur laisse pas d'autres choix que de se plier aux directives du gouvernement. De ce fait, les familles des travailleurs à l’intérieur du pays sont placées sous surveillance pour ainsi rappeler aux travailleurs que la moindre mauvaise conduite à l'usine aura des conséquences sur leur famille.
Les conditions des camps de travail démontrent qu'il s'agit en fait de travail forcé. En fait, les conditions sont qualifiées comme « main-d’œuvre excédentaire » et de « travail causé par la pauvreté ». Les ouvriers ouïghours de ces camps de travail s’adaptent difficilement à ces usines de style militaire [3]. Ces ouvriers n’ont aucun moyen de pratiquer leur religion, car ils sont isolés, ils ont peu ou pas de liberté de mouvement et ils sont surveillés de très près (suivis physiquement et électroniquement). De plus, en dehors de leurs longues heures de travail, ils doivent suivre des cours de mandarin, subissent de l'endoctrinement politique, et doivent prêter serment au PCC. Les travailleurs ouïghours sont moins payés que les travailleurs Han, ou alors, ils ne sont tout simplement pas payés (même si les médias chinois affirment qu’ils sont bien payés).
Selon l'ASPI, au moins 83 marques mondiales et entreprises chinoises bénéficient de la main-d’œuvre ouïghoure susceptible de faire du travail forcé à travers les programmes de travail menés par le gouvernement en Chine [4]. L'ASPI a également identifié 27 usines utilisant le travail forcé ouïghour depuis 2017. Ces usines font partie de la chaîne d'approvisionnement des 83 marques bien connues [5].
La liste des 83 entreprises multinationales: Abercrombie & Fitch, Acer, Adidas, Alstom, Amazon, Apple, ASUS, BAIC Motor, BMW, Bombardier, Bosch, BYD, Calvin Klein, Candy, Carter’s, Cerruti 1881, Changan Automobile, Cisco, CRRC, Dell, Electrolux, Fila, Founder Group, GAC Group (automobiles), Gap, Geely Auto, General Motors, Google, Goertek, H&M, Haier, Hart Schaffner Marx, Hisense, Hitachi, HP, HTC, Huawei, iFlyTek, Jack & Jones, Jaguar, Japan Display Inc., L.L.Bean, Lacoste, Land Rover, Lenovo, LG, Li-Ning, Mayor, Meizu, Mercedes-Benz, MG, Microsoft, Mitsubishi, Mitsumi, Nike, Nintendo, Nokia, The North Face, Oculus, Oppo, Panasonic, Polo Ralph Lauren, Puma, Roewe, SAIC Motor, Samsung, SGMW, Sharp, Siemens, Skechers, Sony, TDK, Tommy Hilfiger, Toshiba, Tsinghua Tongfang, Uniqlo, Victoria’s Secret, Vivo, Volkswagen, Xiaomi, Zara, Zegna, ZTE.
Références
[1] US Government Publishing Office. (2019, november 18). Congressional-Executive Commission on China 2019 ANNUAL REPORT. Récupéré de https://www.cecc.gov/sites/chinacommission.house.gov/files/documents/2019AR_XINJIANG.pdf
[2] Xiuzhong Xu, V., Cave, D., Leibold, J., Munro, K., Ruser, N. (2020, March 1). Uyghurs for sale. Récupéré de https://www.aspi.org.au/report/uyghurs-sale
[3-5] Ibid